Le Vietnam a cherché à attirer les IDE en réduisant l’impôt sur les sociétés pour certains secteurs privilégiés, en abaissant le taux normal d’imposition de 25% à 10-20% et en renonçant aux redevances sur les sols pour les entreprises à participation étrangère. Les IDE sont principalement promus pour les transferts de technologie qui leur sont inhérents. Malgré le nombre toujours croissant d’IDE au Vietnam, les effets indirects se font toujours attendre pour trois raisons : le manque de liens en amont, la distance géographique et le problème de la capacité d’absorption des IDE.
Le premier problème concerne le manque de liens en amont des entreprises vietnamiennes. Plus de la moitié des entreprises à participation étrangère importe des apports de leur pays d’origine ou de pays tiers, d’après plusieurs facteurs : la forme du fournisseur, le secteur et le pays d’origine.
Les entreprises à participation étrangère sont le plus souvent servies par des fournisseurs privés et des importateurs, bien que le pourcentage d’entreprises à participation étrangère selon les types de fournisseurs varie dans chaque secteur. Les secteurs de la finance et des services requièrent le plus de liens en amont puisqu’ils reposent sur le capital humain. Dans les secteurs manufacturier et minier, les entreprises à participation étrangère importent plus de la moitié des apports d’un autre pays.
En outre, les entreprises à participation étrangère diversifient de plus en plus leurs sources d’apport ce qui dénote un changement de stratégie indépendant des incitations qu’ils pourraient recevoir. Les types de fournisseur sont plus divers qu’auparavant : en 2 ans, les entreprises à participation étrangère servies par des fournisseurs privés locaux sont passées de 45 à 68% et de 10 à 20% pour celles servies par des fournisseurs familiaux… les fournisseurs internes sont les seuls à voir leur nombre décroître.
Les nombreuses incitations tendent à promouvoir les IDE dans le secteur de la haute technologie, dans certaines régions défavorisées et dans d’autres secteurs prioritaires, mais la question de la réalité des transferts de technologie doit se poser. En effet, les incitations visent des régions et des secteurs qui ne sont pas prêts à recevoir de telles technologies et ainsi les IDE placés dans les régions plus favorisées ne reposent pas sur des incitations.
A travers les différentes provinces, les principaux secteurs déterminent les fournisseurs des entreprises à participation étrangère selon la complexité de la technologie liée à l’activité. Les fournisseurs vietnamiens forment plus facilement des liens en amont avec des entreprises à participation étrangère dans les secteurs de basse technologie ou l’écart de technologie n’est pas rédhibitoire.
Ainsi, plus de liens se forment avec les entreprises taiwanaises fondées sur le textile, la fabrication et l’électronique légers, qu’avec les industries japonaises ou coréennes spécialisées dans l’électronique complexe. Les entreprises à participation étrangère ne sont pas soumises à l’obligation du transfert de technologie ce qui empêche les entreprises vietnamiennes de rejoindre la chaîne logistique de la haute technologie et donc d’établir des liens plus en amont.
Par ailleurs, la distance géographique entre le siège des entreprises à participation étrangère et celui des entreprises privées locales doit être sérieusement prise en considération dans la mesure où le transfert de technologie ne peut avoir lieu qu’au cours de consultations techniques en face-à-face. Pourtant, il est difficile de distinguer l’impact entre distance géographique et transfert de technologie avec la stratégie voulue par l’entreprise.
Dans tous les cas, la proximité influence grandement le choix de la stratégie et permet de favoriser le transfert de technologie. L’établissement d’une société privée locale dans une zone industrielle augmente l’efficacité de l’export mais diminue les chances de transfert de technologie en isolant l’entreprise à participation étrangère d’un centre économique plus étendu.
Enfin, la capacité d’absorption des IDE facilite d’autant plus le transfert de technologie. En tout état de fait, lorsque l’écart de technologie est trop important entre les entreprises locales et à participation étrangère dans les domaines des nouvelles technologies et de formation de la main d’œuvre, le potentiel de transfert est inversement réduit.
Pour ce qui est de la qualité de la main d’œuvre, les entreprises d’Etat ont un plus grand pourcentage de personnel qualifié tandis que les entreprises privées ont une main d’œuvre moins qualifiée. Les fournisseurs locaux des entreprises à participation étrangère ont moins de chance d’apprendre de leurs clients étrangers pour cause de la capacité limite d’absorption des IDE. L’amélioration de la qualité du personnel est l’élément clé dans l’encouragement du transfert de technologie par les entreprises à participation étrangère, les liens en amont et la proximité géographique ne permettant que d’accentuer la prise de contact et les effets indirects.
Les perspectives de l’ALE UE – VN
Actuellement, le Vietnam connaît une période propice à l’investissement en étant l’un des seuls pays de l’ASEAN à avoir signé un accord de libre-échange avec l’UE (à l’exception de Singapour qui a signé en 2014 mais concernant des marchés très différents liés à la machinerie, aux produits chimiques et à l’équipement de transport).
D’après les provisions de l’accord, plus de 99% des barrières tarifaires vont être éliminées dans les 7 ans à compter de l’entrée en vigueur de l’ALE. Les obligations du Vietnam sur le marché européen vont disparaitre sous 10 ans, et celles de l’UE sur le marché vietnamien sous 7 ans pour certains produits expressément nommés (motos, pièces automobiles, certains produits pharmaceutiques). L’ouverture des marchés vont favoriser les relations commerciales entre l’UE et le Vietnam et profiter aux deux. Les engagements du Vietnam à l’OMC et à des (sous-)secteurs additionnels tels que les services infirmiers, les services de conditionnement etc. offrent la garantie du meilleur accès possible au marché vietnamien.
Pour le secteur de la distribution, un test des besoins économiques est requis, tel que d’après l’OMC, mais ajoute des exceptions et limite a cinq ans la condition du test à partir de la date d’entrée en vigueur de l’accord. Ainsi après cinq ans, la condition du test des besoins économiques sera supprimée.
Le Vietnam est le lieu le plus rentable d’investissement en ASEAN et est voué à conserver cette position en partie grâce à l’ALE entre l’UE et le Vietnam. Le développement stable de l’économie, le contrôle de l’inflation ainsi qu’une législation adaptée font du Vietnam un environnement adapté à l’investissement.
Les recommandations les plus importantes
- Etudier la forme de fournisseur la plus adaptée au regard de la complexité de son activité
- Choisir la stratégie adéquate à adopter entre percevoir des incitations mais ne pas former de liens en amont, ou établir des liens avec les entreprises locales et renoncer aux incitations.
- Décider du moment d’investir : le Vietnam présente de nombreuses opportunités c’est pourquoi les investisseurs devraient se positionner aussi tôt que possible pour saisir ces opportunités notamment lors de l’entrée en vigueur de l’ALE entre l’UE et le Vietnam.
- Faire attention à la législation récemment adoptée : le Gouvernement cherche à améliorer l’environnement commercial à travers des reformes en particulier après l’adoption de nouveaux traités (la Loi sur l’Investissement, Loi sur les Entreprises, Décret sur les Partenariats Public-Privé).
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N’hésitez pas à contacter M. Oliver Massmann à l’adresse omassmann@duanemorris.com si vous avez la moindre question sur ce qui a été dit, Oliver Massmann est le Directeur Général de Duane Morris Vietnam LLC.
Merci beaucoup !